La RDC en pleine mutation économique

By on 06/02/2015

La République démocratique du Congo, récemment secouée par des manifestations populaires dirigées contre le président de la République, Joseph Kabila, s’est lancée dans une redéfinition de son développement économique. Malgré d’incomparables richesses en sous-sols, le pays peine à attirer les investisseurs privés. Pourtant, les projets ne manquent pas.

Aujourd’hui, la République démocratique du Congo (RDC) fait surtout parler d’elle à cause des récents événements qui ont secoué sa capitale Kinshasa la semaine dernière. En effet, tandis que le président de la République, Joseph Kabila, entendait faire adopter par le Parlement une mesure qui lui aurait in fine permis de rester au pouvoir, des manifestants, arpentant les rues de la capitale en scandant « Kabila dégage ! », ont été réprimés dans le sang par les forces de l’ordre. Avec la défiance grandissante entre une partie de la population et le pouvoir congolais en place, la situation politique, très instable, ne doit cependant pas faire défaut à la volonté du pays de voir son économie renaitre.

Nouvelles pistes pour le développement économique de la RDC

Majoritairement agricole (70 % des actifs), l’économie congolaise est tournée vers l’exportation, de minerais essentiellement : le diamant, l’or – environ 10 % des ressources mondiales, le cuivre et l’étain sont autant de ressources qui ont valu au jeune pays indépendant, dans les années 70, d’être frappé par la corruption et la contrebande. Malgré d’importantes richesses – en plus de minerais, les fonds marins contiennent du pétrole et du gaz –, aucune industrie de traitement de ces minerais n’a toutefois été implantée en RDC, ce qui explique également la forte dépendance vis-à-vis des économies étrangères : par exemple, le cuivre extrait en grande quantité doit être traité – donc exporté – avant de revenir – importé – sous forme de câbles ou de fils électriques par exemple.

Afin de pallier ce manque à gagner potentiellement énorme, les autorités de Kinshasa ont engagé depuis quelques années une réflexion axée sur l’économie. Les 8 et 9 janvier derniers, par exemple, l’université américaine de Harvard et les services du Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, ont organisé un colloque dans la capitale, afin de trouver de nouvelles pistes de développement pour la RDC. Selon les trois instigateurs du projet, également conseillers de l’ancien ministre des Finances, cette rencontre avait pour but d’attirer l’attention des investisseurs privés et notamment anglo-saxons.

Projets audacieux recherchent investissements

Actuellement, hormis certaines entreprises minières attirées par l’abondance des réserves du pays, telles Freeport-McMoran au Katanga et Randgold Resources dans la province orientale, celui-ci n’attire presque plus. Les nombreuses nationalisations qui ont eu lieu sous le régime dictatorial de Mobutu ont, de plus, détruit le secteur agricole et une bonne partie de l’exploitation du secteur minier. Vincent Ngonga Nzinga, directeur de cabinet adjoint du Premier ministre, rappelle également que « les années de conflit et de mauvaise gouvernance ont détruit 41 % du PIB entre 1989 et 2002 ».

En octobre dernier, lors du premier Global Africa Investment Summit à Londres, la RDC a dépêché une délégation comprenant notamment Bruno Kapandji Kalala, le ministre des Ressources hydrauliques et électricité, pour présenter plusieurs projets à la communauté financière, dont Inga III et le parc de Bukanga-Lonzo. Le second, qui devrait voir le jour à 220 kilomètres à l’est de Kinshasa, est la pierre angulaire de la politique gouvernementale en faveur de la renaissance agricole de la RDC. Et, par conséquent, de la diversification économique du pays. Le premier, barrage hydro-électrique compris dans le futur complexe du Grand Inga, permettrait de fournir en électricité non seulement le pays, mais, par la voie commerciale, d’autres Etats tels l’Afrique du Sud.

Seul point noir : l’investissement. 300 millions de dollars pour l’un, 7 milliards pour l’autre. D’où l’importance des actions gouvernementales en faveur de la promotion du développement économique en RDC, comme le colloque co-organisé avec Harvard en janvier dernier. Les autorités entendent, grâce notamment au projet de barrage hydraulique, « sortir la tête de l’eau », selon le Premier ministre.

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