La Chine, nouvel eldorado de l’expertise nucléaire française ?

By on 12/01/2018
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A l’heure où la Chine, premier pollueur mondial, affiche ses ambitions dans l’atome civil, Emmanuel Macron a profité de son voyage en Chine début janvier 2018 pour signer de nouveaux contrats dans le domaine du nucléaire.

« La Chine a tenu parole. Vous avez démontré la réalité de votre prise de conscience et votre immense sens des responsabilités », a déclaré Emmanuel Macron, lors de son voyage diplomatique en Chine du 8 au 10 janvier 2018. Saluant la décision de Pékin de rester dans l’Accord de Paris malgré le départ américain, le président français a annoncé l’organisation en 2018 – 2019 de l’ »année franco-chinoise de la transition écologique ».

Des investissements massifs

Premier pollueur mondial et producteur d’un quart de l’électricité de la planète, la Chine s’est en effet engagée dans une politique énergétique ambitieuse. Les autorités ont pris la décision de réduire au maximum le recours aux énergies carbones, alors que près de 70% de la production d’électricité provient du charbon. Un mode de production qui, en plus de contribuer au changement climatique de manière significative, provoque une pollution urbaine désastreuse pour la population. L’objectif annoncé par les autorités est la fermeture de toutes les centrales à charbon d’ici 2030.

Pour cela, les pouvoirs publics ont choisi d’investir massivement dans le nucléaire et le pays pourrait devenir, d’ici une dizaine d’années, le premier parc mondial. En effet, 38 réacteurs sont en déjà en activité, 19 sont en construction, et une trentaine de projets sont à l’étude. Pour comparaison, les États-Unis sont au premier rang mondial avec 104 réacteurs, suivis par la France qui en compte 58.

Un partenariat franco-chinois actif

Ce recours massif à l’atome est une opportunité pour les industriels du secteur. Ainsi, depuis plusieurs années, Areva, via sa filiale New AREVA spécialisée dans le cycle du combustible nucléaire et EDF, leaders français du nucléaire, ont établi de nombreux partenariats avec les autorités chinoises. Reconnue pour son expertise, la filière française bénéficie de la confiance des autorités et des industriels chinois, qui ont eu largement recours à son savoir-faire dans la transition du pays vers le nucléaire.

Le plus beau symbole de cette confiance est sans doute l’inauguration en 2011 de l’IFCEN, un institut de formation en ingénierie nucléaire, fruit d’un partenariat avec un consortium de cinq grandes écoles françaises et supervisé, notamment, par EDF, Areva, Bureau Veritas et le Chinois CGN. Rattaché à la prestigieuse université Sun Yat-Sen de Canton, l’institut a déjà formé près de 700 ingénieurs chinois.

La visite d’Emmanuel Macron début janvier a ainsi été l’occasion de faire perdurer cette alliance stratégique, avec notamment la signature d’un contrat prometteur pour New AREVA. Le président français et son homologue chinois Xi Jinping ont en effet signé un « protocole d’accord commercial » pour la construction à venir d’une centrale de traitement et recyclage des combustibles usés. Pour Philippe Knoche, Directeur Général de New AREVA « CNNC et New AREVA ont intensifié leurs efforts pour parvenir à un accord contractuel et nous en voyons aujourd’hui les résultats très positifs. Je me réjouis de la finalisation prochaine des négociations et du démarrage de ce projet emblématique avec notre partenaire CNNC en 2018. »

La future usine franco-chinoise pourrait traiter jusqu’à 800 tonnes de combustibles usés par an. Une partie serait recyclée sous forme de « MOX », un mélange de plutonium usagé et d’uranium. L’usine française de La Hague servirait de modèle. Il s’agira du tout premier site de retraitement en Chine, où l’expansion du secteur nucléaire soulève la question des déchets radioactifs, pour l’heure stockés dans des piscines temporaires.

Ce chantier colossal chinois, qui devrait débuter en 2020 et durer une dizaine d’années, est jugé vital pour le nouvel Areva.

La Chine prête à ouvrir le 1er EPR au monde

Une autre victoire de la filière française a été célébrée lors du voyage d’Emmanuel Macron, puisque le chef de l’Etat français et son homologue chinois ont dévoilé, à Pékin, une plaque inaugurant le « Premier EPR au monde ». Alors que plusieurs chantiers sont en cours, en Finlande et en France, le réacteur 1 dit de troisième génération construit à Taishan, dans le sud de la Chine, sera le premier à être mis en service.

Le président français a en effet annoncé que l’Autorité de sûreté nucléaire s’apprêtait, après une dernière inspection, à autoriser le chargement du combustible dans la centrale chinoise. Une étape décisive pour un chantier qui avait pris du retard, et un soulagement pour EDF, qui détient 30% de la co-entreprise au côté du groupe étatique CGN. La mise en service effective devrait intervenir dans les six prochains mois, après la connexion de la centrale au réseau. Le second réacteur de Taishan, de son côté, devrait être opérationnel en 2019, au moment où l’EPR de Flamanville devrait lui aussi entrer en service…

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