L’hydrolienne en France : les promesses d’une filière industrielle en devenir

By on 19/04/2016

Les courants marins, en France, offrent une source d’énergie naturelle et permettent d’espérer à moyen terme une production d’électricité à la fois stable, propre et renouvelable. Le gouvernement français accompagne depuis plusieurs années maintenant la structuration progressive d’une véritable filière hydrolienne industrielle, dont font partie les géants tricolores EDF, DCNS et Alstom.

Selon la loi de transition énergétique votée en août 2015, la France a pour but d’atteindre une part de 40 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique national à l’horizon 2030. Un objectif ambitieux qui nécessitera la mobilisation de toutes les ressources renouvelables disponibles dans l’Hexagone et auquel la technologie hydrolienne devrait largement contribuer. L’exploitation de cette énergie marine à la fois stable, durable et respectueuse de l’environnement, est en effet des plus prometteuses à l’heure actuelle, et nombre d’opérateurs se penchent désormais sur son développement.

Volonté gouvernementale

L’énergie hydrolienne dispose d’avantages significatifs dans l’optique d’une production d’électricité stable et prévisible, caractéristiques qui font bien souvent défaut aux énergies renouvelables terrestres, toujours largement dépendantes des conditions météorologiques. La régularité des courants et leur exploitation aussi bien en marée montante que descendante, permettent ici d’assurer une production permanente à fort rendement. L’impact environnemental des turbines est quant à lui négligeable et leur installation en mer à l’abri des regards facilite grandement leur acceptation par les populations (contrairement aux éoliennes parfois mal considérées pour des raisons essentiellement esthétiques).

En France, le potentiel de production hydrolienne est estimé à 2,5 GW (12,5 GW à l’échelle européenne), faisant de l’Hexagone le second pays le mieux pourvu en Europe derrière le Royaume-Uni. Le gouvernement entend en profiter et multiplie les appels à projets par l’intermédiaire du ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Ségolène Royal a notamment fait part de sa volonté d’atteindre plus de 50 MW de puissance installée d’ici à 2020, sur les 400 MW potentiels déjà identifiés par l’Agence de l’environnement et la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Production à grande échelle

Si plusieurs turbines sont déjà en place depuis 2015 à Paimpol-Bréhat (EDF, DCNS) ou dans le passage du Fromveur (Sabella), et font de la France un précurseur en la matière, l’Ademe n’a jamais caché sa volonté de développer une production à plus grande échelle. Pour cela, différents projets expérimentaux bénéficient aujourd’hui de financements publics prévus dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA). Pour rappel, le PIA prévoit la mise à disposition de plusieurs milliards d’euros dans des projets de développement durable ou dans tous les secteurs d’avenir comme le numérique, les biotechnologies ou le nucléaire.

On peut notamment citer ici les deux projets hydroliens sélectionnés à l’issue de l’appel à projets de 2014 concernant la pointe du Cotentin. Remporté par Nepthyd et Normandie Hydro, cet appel à projets devrait déboucher selon l’Ademe sur la construction de la première « ferme hydrolienne » à l’échelle nationale, et permettra de « tester la viabilité technico-économique et de maîtriser l’exploitation de l’énergie hydrolienne à l’échelle d’un parc ».

Nepthyd et Normandie Hydro seront donc installés au même endroit (au large de la pointe du Cotentin), mais utiliseront des technologies différentes. Le projet Nepthyd, tout d’abord, coordonné par Engie, prévoit d’immerger quatre hydroliennes construites par Alstom. Le début des travaux est fixé à 2017, pour un coût total de 101 millions d’euros dont 51 millions financés par le PIA. Normandie Hydro, mené de front par EDF et DCNS, prévoit quant à lui l’installation de sept turbines d’ici à 2018 pour un investissement de 112 millions d’euros dont 52 millions apportés par le PIA sous forme de subventions et d’avances.

Enfin, l’Ademe entend explorer en parallèle toutes les autres voies possibles pour exploiter l’énergie hydrolienne, et envisage de soutenir l’émergence de nouvelles technologies permettant la valorisation énergétique des courants fluviaux. Certains prototypes permettent déjà d’équiper rapidement et à moindre coût les estuaires ou les cours d’eau non exploitables en hydroélectricité classique et de satisfaire les objectifs de production d’énergie verte. Le rendement régulier et prédictible lié au courant continu des rivières ou des fleuves offre de plus la possibilité d’évaluer avec précision un potentiel de production significatif à l’échelle nationale.

 

Crédits photo : AFP/Tanneau

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