Didier Maurin : l’inflation, une source d’opportunités
Didier Maurin, conseiller en gestion de patrimoine et fondateur de DCT (ex Didier Maurin Finance, DMF), se montre optimiste sur la situation inflationniste que traverse l’économie mondiale ces derniers mois. A l’occasion d’une tribune parue dans le quotidien suisse Le Temps, il demande aux banques centrales de réévaluer leur approche en considérant les effets bénéfiques potentiels de l’inflation sur l’économie et les finances publiques.
L’inflation s’invite dans toutes les conversations ces derniers mois. Une situation inédite depuis plus de deux décennies qui ne semble pas avoir été anticipée par les marchés et les gouvernements. Un contexte inflationniste qui inquiète les banques centrales, soucieuses des conséquences pour le pouvoir d’achat, en particulier celui des ménages les plus modestes.
Pourtant, selon le gestionnaire en Suisse Didier Maurin, les gouverneurs des banques centrales devraient cesser de lutter contre l’inflation, plutôt que de risquer une récession. Explications de son analyse de la situation macro-économique.
L’inflation allège les dettes des pays
Le créateur du cabinet DCT (anciennement Didier Maurin Finance – DMF) indique notamment qu’une augmentation annuelle de l’inflation à 8% pourrait être avantageuse pour les Etats, qui sont lourdement endettés. La hausse des prix réduirait le fardeau de remboursement de leur dette, et soulagerait leurs finances. Alors que certains pays ont déjà du mal à régler les intérêts de leur dette, une dépréciation naturelle de la monnaie serait une solution préférable selon Didier Maurin.
En effet, l’inflation dévalue les dettes privées, comme les prêts immobiliers contractés par les ménages ou les emprunts des entreprises pour financer leurs investissements. Cela pourrait aider ces entités, favoriser l’économie, et ainsi booster la croissance.
« Les économistes ne sont jamais parvenus à prouver que l’inflation pesait sur la croissance. D’ailleurs, mieux vaut systématiquement l’inflation plutôt que la récession, cette dernière étant dangereuse en termes de conflits sociaux », précise le fondateur de DCT.
Didier Maurin affirme également qu’il ne faut pas recourir à une fiscalité excessive pour rembourser la dette. Il prône à la place une logique de « paradis fiscal », qui aiderait les nations concernées à devenir compétitives sur la scène internationale. Leurs entreprises pourraient ainsi prospérer sur le marché mondial et créer des emplois bien rémunérés.
Selon Didier Maurin, la décroissance est synonyme de récession
Alors que de plus en plus de voix médiatiques préconisent la décroissance pour promouvoir une économie plus verte, Didier Maurin rappelle qu’une chute de l’activité équivaudrait à une récession au potentiel dévastateur pour l’économie. Le risque étant de baisser le pouvoir d’achat, tout en augmentant le chômage de masse. Une dualité qui renforcerait inévitablement les mouvements politiques extrêmes.
« En relevant leurs taux d’intérêt afin de soi-disant lutter contre l’inflation, nos gouverneurs de banques centrales sont en train de faire une erreur magistrale car plutôt que de freiner l’inflation, ils vont détruire la croissance. C’est particulièrement dangereux », affirme Didier Maurin.
Ce dernier fustige ce mythe en prenant exemple sur le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, et sa métaphore de la saignée pratiquée dans l’Antiquité sur les malades pour les guérir. Quand cela n’avait aucun effet, on saignait davantage le patient pour arriver à un résultat. Bien souvent, il mourrait. Nous devrions donc faire preuve de déconstruction et remettre en question l’approche des taux d’intérêts afin d’éviter des erreurs coûteuses, précise le fondateur de Didier Maurin Finance.
S’adapter à l’environnement économique pour prospérer
En parallèle, la guerre en Ukraine perdure, et avec elle la hausse des prix des matières premières. « En jetant le monde entier dans la récession, nos gouverneurs de banques centrales prennent une lourde responsabilité. A l’instar de leurs prédécesseurs qui, dans les années 1930, étaient tout autant convaincus que le protectionnisme était la solution pour lutter contre la crise de 1929, générant ainsi le nazisme en Allemagne et l’avènement de la Deuxième Guerre mondiale », souligne Didier Maurin.
C’est la raison pour laquelle il privilégie une approche darwinienne vis-à-vis de l’inflation. En clair, il faut s’adapter intelligemment à l’environnement économique mondial pour prospérer et gagner. Le problème, selon lui, réside dans le fait que les gouverneurs de banques centrales travaillent comme les médecins de l’Antiquité : ils priorisent un mauvais remède en fonction d’un mauvais diagnostic. C’est ensuite le monde entier qui en subit les conséquences.
Didier Maurin appelle à déconstruire les mythes du passé, pour éviter de reproduire les mêmes erreurs entraînant les mêmes souffrances. Et ces dernières risquent malheureusement de s’accentuer quand les marchés financiers s’attaqueront à l’une des grandes monnaies à la baisse, à l’image de ce qu’avait fait Georges Soros en 1992 avec la livre sterling. Par voie de conséquence, l’euro, le dollar, le yen et une nouvelle fois la devise britannique verront leur valeur chuter brutalement de 20 à 30%. Leur pouvoir d’achat, déjà fragilisé par l’inflation, sera quant à lui encore plus affaibli.
« A ce moment-là, nous changerons de monde car il sera alors impossible à nos banques centrales d’imprimer les milliards qu’elles souhaitent sous peine de nouvelles dévaluations. Nos Etats seront davantage en faillite et rencontreront d’énormes difficultés avec le paiement des salaires de leurs fonctionnaires », conclut Didier Maurin.