Lutte contre le blanchiment de capitaux : l’AMLA attendue en 2026

Lutte contre le blanchiment de capitaux : l’AMLA attendue en 2026

En 2026, l’Union européenne devrait se doter d’un nouvel organisme, l’AMLA, qui a pour mission principale de lutter contre le blanchiment d’argent dans les vingt-sept Etats membres. Cette entité, dont le siège se trouve à Francfort (Allemagne) s’attèlera à harmoniser les méthodes de contrôle et la réglementation, ainsi qu’à superviser directement certains établissements financiers considérés à haut risque.

En Europe, la lutte contre le blanchiment relève traditionnellement d’une compétence nationale. Chaque État a mis en place des méthodes de contrôle et une réglementation propres. Mais ce combat en solitaire pose problème. En effet, les lois n’étant pas homogènes, il peut y avoir des failles dans certains pays, que les criminels savent exploiter. L’Union européenne (UE) a donc décidé de fédérer les efforts de ses membres pour renforcer son arsenal contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT).

L’AMLA fait partie d’un paquet réglementaire

En juin 2924, l’UE a adopté le « paquet AML », un ensemble de textes réglementaires applicables dès le 10 juillet 2027. Cette réforme comprend la création de l’Autorité européenne de lutte contre le blanchiment (AMLA). Cette entité inédite doit harmoniser et superviser les efforts de contrôle interne de tous les États membres. Elle aura pour siège Francfort (Allemagne), qui accueille déjà la Banque centrale européenne (BCE). Son ouverture est prévue début 2026.

Bruna Szego, désignée présidente de la nouvelle entité

Pour le siège, Francfort était en concurrence avec Paris (France), Bruxelles (Belgique), Dublin (Irlande), Madrid (Espagne), Riga (Lettonie), Rome (Italie), Vienne (Autriche) et Vilnius (Lituanie). Le Conseil et le Parlement européen ont été convaincus par la solidité de la candidature du centre financier allemand, désigné le 15 février 2024 pour accueillir l’AMLA. Les deux institutions ont également approuvé la nomination, le 18 décembre 2024, de Bruna Szego à la présidence de la nouvelle entité. Diplômée en droit, l’Italienne a occupé divers postes de responsabilité au sein de la Banque d’Italie, dont celui de directrice de l’unité de surveillance et de réglementation de la lutte contre le blanchiment de capitaux (depuis juin 2022).

400 agents travailleront pour la nouvelle entité sise à Francfort

Fort d’un effectif initial de 400 agents et un budget annuel de 40 millions d’euros, l’AMLA doit jouer un rôle central dans la protection de l’intégrité du système financier européen. Concrètement, l’entité devra superviser les actions des autorités nationales de régulation, centraliser et analyser les données relatives à la surveillance des entités assujetties, ainsi que faciliter la coopération entre les cellules de renseignement financier des différents États membres, notamment dans la mise en œuvre des mesures de gel des avoirs.

L’AMLA a les pouvoirs pour imposer des amendes

En outre, l’AMLA est chargée d’adopter des normes techniques de réglementation (RTS) ainsi que des lignes directrices et des recommandations en matière de LCB-FT. Par ailleurs, elle aura à assurer la supervision directe de certains établissements de crédit et établissements financiers considérés à haut risque, y compris des fournisseurs de services de crypto-actifs. En cas de manquement de ces acteurs, l’autorité pourra infliger des amendes, une première dans l’Union européenne. En effet, elle dispose des pouvoirs pour mettre en place des normes afin de définir le niveau des amendes, les critères de risque ou les mesures de vigilance à appliquer.

Des doutes et des craintes autour de l’AMLA

Face aux inquiétudes des États membres sur une perte de leur souveraineté et une complexification d’un système déjà compliqué, l’UE rassure que l’AMLA n’a pas pour ambition de remplacer les autorités locales existantes, mais plutôt de les compléter. Aussi, les attentes sont fortes quant à sa capacité à détecter et à prévenir les flux financiers illicites, à renforcer la confiance dans le système financier européen et à garantir une application uniforme des règles de lutte contre le blanchiment de capitaux. Mais attendons de voir.

La Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.