Comment venir à bout de l’absentéisme au travail ?

By on 28/10/2019
absenteisme au travail _ Journal economique

Malgré un coût pour l’employeur déjà estimé entre 60 et 100 milliards d’euros par an, l’absentéisme au travail continue de progresser chaque année en France. Pour tenter d’y remédier, les entreprises se préoccupent de plus en plus du bien-être de leurs salariés et de la prévention des risques professionnels.

Les études ne coïncident pas sur les chiffres, mais elles tombent d’accord sur une chose : l’absentéisme au travail progresse significativement en France. En 2018, le nombre d’absences aurait augmenté de 3,6 % par rapport à 2017 et de 16 % en quatre ans, selon le rapport Gras Savoye-Willis Towers Watson. À en croire le 11e baromètre de l’absentéisme édité par le groupe de conseil Ayming, la hausse annuelle s’élèverait même à 8 %. Avec 18,6 jours chômés supplémentaires contre 17,2 en 2017, l’absentéisme au travail atteindrait 5,1 % en 2018, tous motifs confondus. Pire : les arrêts de longue durée (plus de 90 jours) ont crû de 10 % l’an dernier. Ils ne concernent pas que les salariés seniors, chez qui les absences prolongées ont augmenté de 9 %, mais aussi les moins de 40 ans, dont le taux a bondi de 23 % en 2018. Une tendance qui a de quoi inquiéter les employeurs. « Les entreprises constatent que le nombre de salariés de 40 ans et moins qui présentent des restriction médicales, voire des inaptitudes, est plus important que celui de leurs aînés au même âge », note l’étude d’Ayming. Car les ressorts de l’absentéisme sont multiples et peut-être plus complexes que par le passé : santé, maladie professionnelle, conditions de travail difficiles, mais aussi épuisement professionnel, précise le baromètre…

Pour agir contre l’absentéisme, il faut d’abord en identifier les causes, rappelle Fabien Piazzon, chercheur et auteur d’Absentéisme : l’alerte rouge. Panser et repenser le travail. « Ce n’est pas la même chose si l’absentéisme résulte d’un arrêt maladie pour accident du travail, pour maladie professionnelle, un accident de trajet, ou encore pour une maladie plus classique, explique-t-il. […] Par l’absence, beaucoup de salariés expriment leur mal-être au travail. » Pour l’employeur, l’absentéisme est doublement pénalisant. Économiquement, il coûterait entre 60 et 100 milliards d’euros par an, selon les études d’Ayming (2015) et de l’Institut Sapiens (2018). Mais cet indicateur humain pèse aussi, de toute évidence, sur d’autres plans : productivité, compétitivité ou encore image de l’entreprise. « Le petit absentéisme est celui qui revient le plus cher, ajoute Fabien Piazzon. Il désorganise le travail collectif bien davantage que les arrêts longs. […] Lutter contre le petit absentéisme, c’est trouver des solutions à des problèmes très concrets. » Comme redonner du sens au travail ou proposer des outils utiles pour l’employé (télétravail, crèche d’entreprise, etc.), souligne le chercheur.

Absentéisme : les entreprises agissent pour le bien-être de leurs salariés

Face à l’absentéisme, les questions de prévention et de qualité de vie au travail s’avèrent donc indispensables pour préserver la santé des salariés. Stress, pénibilité, ennui, temps de transport ou encore mauvaises relations interpersonnelles constituent une partie des causes possibles pouvant conduire à des absences professionnelles. Selon une enquête de Malakoff Médéric, 49 % des employés et 53 % des dirigeants considèrent l’ambiance de travail et les relations entre collègues comme déterminantes pour le bien-être en entreprise. La qualité de vie au travail (QVT) s’améliore aussi via l’aménagement de l’espace professionnel : 59 % des travailleurs de bureau aspirant, par exemple, à avoir un espace de travail fermé. Pour de plus en plus d’entreprises, la santé des salariés et la QVT deviennent des enjeux stratégiques. Au sein du groupe EDF, ces questions concernent les collaborateurs, les prestataires et les fournisseurs. La stratégie CAP 2030 de l’électricien prévoit ainsi la mise en place d’une démarche de santé globale au travail, qui vise à développer la prévention des impacts potentiels des activités sur la santé. Des actions sont en particulier conduites sur la prévention du bruit, du risque chimique, des rayonnements ionisants mais aussi sur la prévention des risques transverses comme les troubles musculo squelettiques et les risques psychosociaux. Enfin, la sensibilisation porte aussi sur la prévention des addictions et des risques cardio vasculaires qui, s’ils dépassent le cadre du travail, peuvent toutefois impacter les salariés. Les effets attendus de cette démarche doivent conduire à une baisse de l’absentéisme des salariés pour raisons de santé. Depuis 2018, de nombreuses actions sont impulsées. La santé globale au travail était d’ailleurs le thème de la semaine santé sécurité instaurée par le Groupe au mois en ce mois d’octobre 2019. « Dans une période marquée par plusieurs accidents dramatiques, notre mobilisation pour améliorer nos résultats et progresser ensemble est plus que jamais essentielle, souligne Christophe Carval, en charge de la Direction des Ressources Humaines chez EDF. Nos actions, notre engagement doivent nous y aider collectivement. Ce mois d’octobre, consacré à la santé globale au travail, est un signal fort que nous souhaitons donner à tous nos salariés : du groupe EDF et de nos entreprises prestataires.»

Le bien-être au travail est également une préoccupation centrale chez Toyota. « Notre premier capital, ce sont nos collaborateurs », confirme Cédric Blache, directeur des ressources humaines de Toyota Material Handling. Après avoir mis en place un indicateur d’absentéisme, la filiale a déployé plusieurs solutions favorisant la santé des salariés, comme le remboursement de consultations d’ostéopathie et de sophrologie, des interventions sur l’alimentation, le sommeil, l’activité physique ou le tabagisme. Un dispositif de télétravail pour les cadres a également été instauré une fois par semaine pour ceux qui le désirent. Preuve que la question de l’absentéisme est d’envergure, le gouvernement planche lui aussi sur un projet de réforme du financement de la santé au travail, dont l’étude était initialement prévue en octobre 2018. Il préparerait également un projet de loi sport et société, repoussé au premier semestre 2020 afin de réduire les accidents du travail et l’absentéisme. Si ces injonctions à investir dans le bien-être des salariés tardent à voir le jour, elles devraient pourtant s’avérer précieuses : selon une étude de Goodwill-Management (2015), une pratique sportive régulière ferait économiser 5 à 7 % en dépenses de santé dans le budget de l’entreprise…

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