États-Unis : après les organismes de santé, le clan Trump veut maintenant s’en prendre aux revues médicales

Le secrétaire à la Santé américain Robert F. Kennedy Jr. a accusé mardi les grandes revues médicales, comme New England Journal of Medicine et The Lancet, d’être influencées par l’industrie pharmaceutique. De ce fait, il a menacé d’empêcher les scientifiques du gouvernement de publier leurs travaux dans ces magazines. Cette déclaration s’inscrit dans le cadre de la guerre croissante de l’administration Trump contre les institutions de la santé.
Il fallait s’y attendre, après que Donald Trump ait décidé de couper les subventions aux organismes de santé et aux instituts de recherche. Le mardi 27 mai, dans le podcast « Ultimate Human », Robert F. Kennedy Jr. a accusé les grandes revues scientifiques américaines d’être influencées par l’industrie pharmaceutique. Il a menacé d’interdire aux agences gouvernementales d’y publier leurs travaux.
Les revues médicales « corrompues », selon Kennedy Jr.
Le secrétaire américain à la Santé (HHS) a soutenu que le New England Journal of Medicine (NEJM), le Journal of the American Medical Association et The Lancet, trois revues médicales de référence dans le monde, sont « corrompues » et publient des études financées et approuvées par des sociétés pharmaceutiques. « À moins que ces revues ne changent radicalement, nous allons empêcher les scientifiques des NIH (instituts fédéraux en charge de la recherche médicale, NDLR) de publier dans ces revues et nous allons créer nos propres revues », a-t-il déclaré au micro de l’influenceur Gary Brecka.
Un nouveau rapport de la Maison blanche porte des soupçons sur l’industrie pharmaceutique
Les déclarations de Kennedy Jr., connu pour être un anti-vaccin, interviennent quelques jours après la publication par la Maison-Blanche d’un rapport dirigé par lui-même. Cette enquête indique que la surprescription de médicaments pourrait être à l’origine d’une hausse des maladies chroniques chez les enfants. Elle soupçonne l’industrie pharmaceutique de semer une culture de la peur pour pousser les gens à consommer davantage de médicaments. Ce qui contribue à augmenter leurs profits. Les groupes pharma auraient également dissuadé les médecins et les scientifiques d’étudier les causes des maladies chroniques.
Pour appuyer ses attaques contre les revues médicales, Kennedy Jr. fait appel aux déclarations de leurs principaux responsables
Ces accusations d’influence des laboratoires ont déjà été portées lors de la crise du Covid. Sous les ordres des entreprises pharmaceutiques, les revues scientifiques auraient systématiquement refusé de publier toute étude qui remet en cause la vaccination contre le coronavirus. Dans le podcast de Gary Brecka. Kennedy a en outre fait appel aux déclarations de responsables des principales revues, dont le rédacteur en chef de The Lancet, Richard Horton, et l’ancienne rédactrice en chef du NEJM, Marcia Angell, pour justifier sa position. À une certaine époque, ces chercheurs ont remis en cause la transparence des magazines scientifiques.
Plus possible de croire une grande partie des recherches cliniques publiées dans les revues médicales
En 2009, Angell a écrit qu’il n’est plus possible de croire une grande partie des recherches cliniques publiées, en raison de liens financiers avec des sociétés pharmaceutiques. Quant à Horton, il a exprimé en 2015 ses inquiétudes concernant la reproductibilité de la recherche scientifique. Ces figures d’autorité confortent le ministre de la santé américain dans sa lutte contre les revues médicales et le monde scientifique en général, qui serait sous l’emprise de la big pharma.
Trump veut démanteler l’infrastructure scientifique américaine
Kennedy Jr assure qu’il suffit de payer 10.000 dollars pour qu’une étude soit validée et publiée. Or les laboratoires ont assez d’argent. Donc ils peuvent facilement commander une étude orientée et la faire publier dans les magazines scientifiques influents. Mardi, The Lancet et le New England Journal of Medicine n’avaient pas répondu dans l’immédiat aux accusations du secrétaire à la Santé de Donald Trump. Mais la revue The Lancet avait publié en avril un article dans lequel, elle affirmait que « le harcèlement des revues s’inscrit dans un contexte de démantèlement radical et plus vaste de l’infrastructure scientifique américaine ». Sous Trump, a-t-elle ajouté, « la science devient un outil de propagande financé par l’État ».