« Génération Covid » : l’alternance a limité la casse
Alors que se profile la rentrée et que les restrictions liées à la crise sanitaire se lèvent peu à peu, quel bilan pour la “génération Covid”? Le plan “1 jeune, 1 solution” lancé il y a un an semble avoir porté ses fruits. En particulier, l’alternance a montré qu’elle était un atout particulièrement efficace pour l’emploi des jeunes, aux côtés d’autres dispositifs.
Un an après la mise en place du plan “1 jeune, 1 solution”, c’est l’heure du bilan pour le gouvernement. Et le pari n’est pas loin d’être gagné. A tout le moins, ce plan aura permis de limiter la casse. Un bilan positif souligné le 8 juillet 2021 par Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion : « Le plan 1 jeune 1 solution a permis de limiter à 6% la hausse du chômage des jeunes. Durant la crise financière de 2008 et 2009 il avait augmenté de 30%« . Au total, ce sont neuf milliards d’euros qui auront été dépensés pour contenir cette hausse du chômage. De quoi écarter en partie le spectre d’une “génération Covid-19”, que l’on craignait sacrifiée par les conséquences de la crise sanitaire. Très concrètement, ce sont 800 000 jeunes éloignés de l’emploi qui sont entrés en parcours d’insertion entre août 2020 et mai 2021. Parmi ces dispositifs, on trouve notamment le Parcours d’accompagnement vers l’emploi (PACEA), qui a accueilli 380 000 jeunes, mais aussi l’accompagnement intensif jeunes (AIJ), mené par Pôle Emploi, dont 200 000 jeunes éloignés de l’emploi ont bénéficié. Des parcours qui ont permis de maintenir le rythme des embauches de jeunes : “1,8 million de moins de 26 ans ont été embauchés en CDI ou en CDD de plus de trois mois entre août 2020 et mai 2021″, a détaillé Elisabeth Borne.
L’alternance confirme son statut de levier vers l’emploi
En dépit de contexte, le nombre de jeunes “NEET” (ni en emploi ni en formation) a continué de progresser. L’INSEE rappelle que 13,1% des 15-29 ans étaient dans cette situation en début d’année, alors qu’ils étaient 12,3% avant la crise sanitaire. La ministre du Travail reconnaît qu’un “des défis sera d’aller chercher ceux qui sont les plus éloignés, et de trouver la bonne façon de les ramener”. Pour ce faire, le gouvernement pourrait s’appuyer sur l’alternance, dont le succès ne se dément pas malgré la crise. C’est un des enseignements du bilan du plan “1 jeune, 1 solution” : ce dispositif alliant emploi et formation est plébiscité. Selon le ministère du Travail, 525 600 jeunes ont signé un contrat d’apprentissage en 2020. Soit 42% de plus qu’en 2019. C’est ce qui ressort d’une étude de la DARES intitulée “Une très forte augmentation des entrées en contrat d’apprentissage en 2020”, parue le 8 juillet 2021. Avec ces chiffres record, l’alternance confirme son statut de tremplin vers l’emploi : d’après un sondage sur l’apprentissage en 2021 réalisée par YouGov pour l’école de commerce en ligne ISCOD, durant ces trois dernières années, 77% des étudiants en alternance ont obtenu un emploi à la fin de leurs contrats. Un chiffre qui témoigne de l’engouement des recruteurs pour ce dispositif, qui sont nombreux à souligner ses atouts. C’est en tout cas l’avis de Sadri Fegaier, PDG d’Hubside Store et ancien patron de SFAM, dans une tribune récente publiée dans Les Échos : “Il est plus nécessaire que jamais que nous, chefs d’entreprise, maintenions nos ambitions pour l’emploi des jeunes. Les entreprises ont compris que, pour ce faire, l’alternance était un levier à privilégier.” Une voie royale vers l’emploi pour cette génération Covid. Exemple en Gironde, où 30% des moins de 26 ans étaient au chômage début juillet 2021. Les entreprises bordelaises n’hésitent plus à embaucher des jeunes, encouragées par les aides à l’embauche proposées par l’Etat ( 5000 euros pour un alternant mineur, 8000 pour un majeur). Le groupe spécialisé dans la construction Equiom a récemment lancé sa campagne de recrutement en alternance : des postes à pourvoir en régions Hauts-de-France, Bourgogne Franche Comté et Grand Est. Une bonne nouvelle alors que l’Île-de-France concentre la majorité des offres d’alternance, comme le déplore Sadri Fegaier, qui appelle de ses vœux la fin des disparités régionales.
Des mécanismes complémentaires pour pérenniser ce succès
Les entreprises s’emparent largement de l’alternance, et vont jusqu’à créer des parcours de formation spécifiquement adaptés à leurs besoins en compétence. “Certaines d’entre nous, de tous secteurs confondus, créons même nos propres structures de formation, comme le permet la loi « avenir professionnel », afin d’embaucher directement, en fin de parcours, les jeunes formés” rappelle là encore Sadri Fegaier, dont le groupe Indexia (ex-SFAM) recrute en alternance. Dans les Hauts-de-France, le dispositif AVA (Accompagnement vers l’apprentissage) vise à aider les 16-29 ans sans emploi et hors du système scolaire à trouver une formation adéquate. A Tourcoing comme à Roubaix, des “animateurs de captation” vont à la rencontre des jeunes et s’adaptent à leurs situations pour les ramener vers l’emploi. Soutenu par le Fonds Social Européen, le dispositif AVA bénéficiera d’un million d’euros de financement jusque fin 2021.
Autre initiative à laquelle réfléchit le gouvernement pour pérenniser le plan “1 jeune, 1 solution” : le Revenu d’Engagement pour les Jeunes. L’idée est de proposer à chaque jeune qui en a besoin un parcours vers l’emploi individualisé, adapté à ses difficultés. Chaque jeune bénéficiera d’un revenu dans le cadre de ce dispositif : “un engagement réciproque entre les acteurs du service public de l’emploi et les jeunes”, avait précisé le président de la République le 12 juillet dernier.