Le bois, matière stratégique dans la réindustrialisation de la France

By on 24/05/2023
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Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le bois endosse un rôle stratégique, aussi bien en amont des activités humaines (les forêts stockant le dioxyde de carbone) qu’en aval. Le récent projet de loi du gouvernement sur la réindustrialisation, avec une « industrie verte » met en lumière le potentiel et les avantages de cette filière. Analyse.

 

Selon le président de la République, l’essor de la filière bois aura un effet de levier sur « trois batailles fondamentales pour le pays : l’indépendance, la réindustrialisation et le climat », comme il le déclarait en avril 2023 lors de son passage dans l’entreprise alsacienne Mathis.

Présenté un mois après, le projet de loi pour l’« industrie verte » précise ce nouveau dessein stratégique, qui « s’inscrit comme une nouvelle étape de la réindustrialisation du pays, [avec] pour ambition de répondre à deux objectifs : faire de la France le leader des technologies vertes nécessaires à la décarbonation, et verdir les industries existantes ».

 

Le bois allié de la décarbonation

 

Les villes en France sont actuellement responsables de près de 70 % des émissions de CO2 nationales. Le secteur du bâtiment est à l’origine d’un tiers de ce pourcentage. La stratégie nationale bas carbone prévoit donc la réduction de moitié de l’empreinte carbone du secteur du bâtiment en 2030 par rapport à 2015.

« On fait clairement partie de la solution, le bois restant à date la meilleure technologie pour stocker le CO2 et décarboner les usages », déclarait en 2022 au journal Les Échos Jean-Michel Servant, président de l’interprofession France Bois Forêt. L’atteinte de la neutralité carbone ne se fera pas « sans une contribution forte de la filière forêt-bois », affirmait en écho Jérôme Mousset, directeur bioéconomie et énergies renouvelables de l’Ademe.

La feuille de route des pouvoirs publics pour la nouvelle industrie verte consistera à mieux exploiter et valoriser le matériau bois dans le BTP, tout en préservant la biodiversité au sein des forêts du pays (l’adaptation au changement climatique passant notamment par la plantation d’essences adaptées selon l’institut technologique FCBA).

Dans cet élan, le plan d’investissement France 2030 prévoit de régénérer 10 % de la forêt française en plantant près d’un milliard d’arbres.

 

En phase avec les enjeux écologiques et industriels

Dans ce double défi écologique et industriel, les constructions en bois biosourcés représentent jusqu’à 60 % de gaz à effet de serre en moins par rapport à des bâtiments en béton, selon le cabinet Carbone 4. Elles offrent une meilleure performance énergétique, et les matériaux continuent de stocker le carbone pendant toute leur durée de vie.

En cela, le bois répond donc aux objectifs de la réglementation RE2020, centrée sur :

  • Des bâtiments consommant moins d’énergies et utilisant des énergies moins carbonées.
  • Une transition progressive vers des constructions bas carbone, misant sur la diversité des modes constructifs et la mixité des matériaux.
  • Des bâtiments plus adaptés en cas de forte chaleur.

Or, selon l’association BBCA, 60 % du bilan carbone d’un bâtiment neuf sont liés à sa construction. Dès lors, le choix de matériaux comme le bois et la performance énergétique – thermique de la construction sont essentiels pour réduire l’impact environnemental des villes.

 

Filière en mouvement

Les entreprises de la filière bois-forêt s’organisent donc pour accroître leur apport à la transition écologique, en développant l’ensemble de la chaîne de valeur, et en instaurant des accompagnements pour l’ensemble de la filière – de la sylviculture à la construction en bois.

La filière mise aussi sur le secteur de la rénovation, de la construction d’extensions ou de surélévations, car le bois est à la fois compatible avec la stratégie bas carbone, tout en procurant des gains de temps sur les chantiers. 

 Enfin, des pactes « bois-biosourcés » ont été signés par les douze interprofessions régionales de la filière FIbois France, avec des engagements de volumes pour garantir aux entreprises de transformation et de construction la disponibilité future et durable de cette ressource.

Cette mise en mouvement du secteur correspond à ce qu’Anaïs Voy-Gillis, géographe à l’Institut français de géopolitique, dans un entretien accordé à Bpifrance, désignait comme les trois dynamiques d’une réindustrialisation :

« La première [dynamique] consiste à maintenir le tissu productif existant, et même à l’aider à se renforcer, ce qui va reposer sur la demande, avec un soutien en matière de volume pour garantir aux industries qu’elles en auront demain pour se développer.

La seconde se concentre sur la relocalisation d’activités. Il s’agit à la fois des activités que l’on va juger stratégiques pour l’intérêt de la nation, mais aussi des chefs d’entreprises qui décident de se réimplanter sur le territoire pour certaines raisons. Enfin, [la troisième passe par] la localisation de nouvelles activités ».

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