Le Qatar veut séduire les entreprises françaises

By on 06/12/2018

Les 25 et 26 novembre dernier était organisé à Doha le « Qatar-France Business and Investment Forum ». Un événement qui rappelle que le Qatar n’est pas seulement un pays qui investit, mais aussi un pays qui cherche des investisseurs. Le petit émirat ne ménage pas ses efforts pour se rendre attractif auprès des entreprises et des investisseurs étrangers. Une politique volontariste qui porte ses fruits.

Un premier forum dédié aux relations économiques entre la France et le Qatar

Le Qatar-France Business and Investment Forum, organisé par l’Ambassade de France à Doha en partenariat avec le Ministère du Commerce et de l’Industrie, l’Association des hommes d’affaires du Qatar et le Centre financier du Qatar (QFC) s’est tenu il y a quelques jours dans la capitale qatarie. Un forum visant à renforcer la coopération économique et commerciale et à encourager les investissements entre le Qatar et la France : une manière pour le petit émirat de faire entendre ses besoins en matière d’énergie, de transport, de constructions, aux entreprises françaises.

Le Qatar souhaite donc attirer les groupes tricolores sur son sol, et dispose pour ce faire de sérieux arguments : fort d’une grande stabilité politique et économique, le petit émirat situé à moins de 4 heures de vol de Paris offre de nombreuses incitations et facilités aux entreprises étrangères, et ouvre l’accès à quatre marchés régionaux émergents — la Turquie, le Koweït, Oman et le Pakistan — ayant un PIB combiné supérieur à celui de l’Italie (2100 milliards de dollars) et un commerce international s’élevant à plus de 1100 milliards de dollars.
Sont d’ores et déjà en activité au Qatar 294 entreprises françaises, dont 228 détenues conjointement par des citoyens qataris et français, et 66 entreprises détenues à 100 % par des ressortissants de l’Hexagone. La France — elle-même destination attractive pour les investisseurs qataris — est le 16e partenaire commercial du Qatar avec près de 1,2 milliard d’euros de biens échangés en 2017 (soit 1,4 % du commerce extérieur de l’émirat), un chiffre ayant augmenté de 30 % entre 2016 et 2017.

L’opération de séduction semble avoir porté ses fruits puisque Guillaume Pepy — président de la SNCF, mais aussi du Conseil de chef d’entreprise France – Qatar de Medef International— a lors de ce forum affirmé que Station F, le plus grand campus de start up du monde situé à Paris, cherche à établir des collaborations avec le QFC ainsi qu’avec d’autres institutions financières qataries. Guillaume Pepy a également évoqué le projet Qatar Rail en ces termes : « Nous avons été choisis à l’issue d’un très long processus d’appel d’offres pour exploiter et entretenir le métro de Doha et le métro léger de Lusail. Nous sommes l’opérateur et le fournisseur de services du réseau. »

Des réformes pour attirer les investisseurs

Ce forum s’inscrit dans le cadre de la volonté de cet émirat de 2,6 millions d’habitants de diversifier son environnement économique et d’attirer les investissements directs étrangers. Dans cette optique, le gouvernement qatari a adopté en mai dernier un projet de loi autorisant les investisseurs non qatariens à détenir jusqu’à 100 % du capital d’entreprises qataries, quel que soit leur domaine d’activité. Ceux-ci ne peuvent cependant détenir plus de 49 % du capital social des sociétés qataries cotées à la Bourse du Qatar, et ce après avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités compétentes. Le Qatar légifère par ailleurs dans le but de rationaliser la délivrance des licences commerciales et industrielles et d’accélérer le renouvellement des licences existantes.

Cette politique volontariste assure au Qatar la pôle position du monde arabe dans le classement du Global Entrepreneurship Index, et n’attire pas que les entrepreneurs français : lors du 6e Global Economic Development Forum (intitulé « Global Mindset for Connecting with pearl of the Middle East-Qatar ») ayant lui aussi eu lieu le 26 novembre dernier, quatre protocoles d’accord ont été signés avec des acteurs économiques chinois, dont par exemple un protocole portant sur la finance numérique entre Taleb Group et You Kongpai Blockchain.

Des indicateurs économiques au beau fixe

Les efforts réalisés par le Qatar sont fructueux, puisque le PIB de l’émirat est passé de 218 milliards de dollars en 2016 à 222 milliards en 2017, soit une croissance annuelle de 1,6 % à prix constants. Selon la Banque mondiale, l’économie qatarie connaîtra une croissance de 2,8 % en 2018 et de 3 % en moyenne pendant la période 2019-2020.
Le commerce extérieur du Qatar a également augmenté de 16 % l’an dernier, une croissance notamment dut à une augmentation de 18 % des exportations qataries et un excédent commercial de 49,9 %.

Ces performances sont d’autant plus impressionnantes qu’elles se situent dans un contexte de blocus économique mis en œuvre par — entre autres — l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis depuis juin 2017. Une situation qui n’a par ailleurs pas empêché une amélioration des indicateurs du système bancaire qatari par rapport à la situation antérieure au blocus, ce qui assure la place de l’émirat dans les 10 premiers marchés financiers du monde.

Avec ces différentes mesures, c’est un projet d’avenir que mettent en œuvre les autorités qataries : le plan Qatar national Vision 2030 encourage en effet un développement durable visant à réduire la dépendance à l’égard du pétrole et du gaz et à soutenir la transition du pays vers une économie du savoir. Une vision à long terme qui joue en faveur d’une attractivité qui sera sans nul doute encore dopée par la mise en œuvre de projets liés à l’organisation de la Coupe du Monde de football 2022.

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