Comment favoriser l’insertion professionnelle des jeunes malgré la crise ?

By on 24/09/2020
jeunes emploi crise sociale - journal éco

Moins touchés par le virus que leurs aînés, les jeunes sont en revanche particulièrement affectés par la crise économique qui sévit en France. Afin d’éviter une génération sacrifiée, l’État et les entreprises se mobilisent de manière exceptionnelle pour faciliter l’insertion professionnelle des moins de 25 ans en dépit de la conjoncture.

En baisse quasi-constante depuis le deuxième trimestre 2015, le chômage a fortement bondi en France, peu après le passage du Covid-19 au stade de pandémie. Selon Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A a en effet augmenté de 24,5 % en France métropolitaine au deuxième trimestre 2020, soit 815 000 personnes sans activité professionnelle de plus que trois mois plus tôt. Alors que les entreprises françaises n’ont pas encore subi toutes les répercussions économiques du coronavirus, une aggravation de la situation est à craindre en cas de faillites et de plans de licenciement massifs à venir. Pour répondre à une demande en forte hausse et qui pourrait encore s’accentuer à l’avenir, Pôle emploi a prévu de recruter 2 800 personnes afin d’accompagner les demandeurs d’emploi face à cette crise sociale. Parmi ces créations de poste, 1 300 seront spécialement dédiées à l’insertion professionnelle des jeunes, dont 650 dès le mois de septembre, a annoncé Élisabeth Borne, ministre du Travail, le 30 août dernier. Selon elle, ces effectifs pourraient même continuer à croître si le marché de l’emploi se dégradait encore davantage. L’objectif est « qu’on puisse continuer à avoir un accompagnement de qualité, et donc que chaque conseiller de Pôle emploi ait un portefeuille, un nombre de chômeurs accompagnés qui reste de taille raisonnable », a-t-elle précisé.

Premières victimes de ce pic historique du chômage en France, les jeunes diplômés font face à une situation inédite, qui compromet pour beaucoup l’entrée dans le monde du travail. Pour les aider, le gouvernement a multiplié les dispositifs de soutien à l’embauche des jeunes à travers son plan Jeune « 1 Jeune 1 Solution » dévoilé début septembre par le Premier ministre Jean Castex. Ce plan doté de 6,5 milliards d’euros prévoit notamment une compensation des charges de 4 000 euros pour le recrutement d’un jeune de moins de 25 ans pour trois mois minimum, l’octroi de 5 000 (moins de 18 ans) et de 8 000 euros (plus de 18 ans) pour la signature d’un contrat d’apprentissage ou d’alternance, la création de 100 000 missions de service civique ainsi qu’un élargissement de l’offre et de la capacité de formation professionnelle. Si le plan de relance de l’exécutif fait la part belle aux apprentis et aux alternants, c’est parce que cette filière est plébiscitée par les entreprises. « Nous avons besoin des jeunes, de leurs talents. La meilleure chance que nous pouvons leur offrir est de les accueillir en alternance, clame un groupe de patrons français dans une tribune publiée sur franceinfo.

Alternance, apprentissage : les entreprises se mobilisent pour les jeunes

Dans toute la France, des milliers d’entreprises de toutes tailles jouent ainsi le jeu de l’alternance et de l’apprentissage, à l’image de Kelly Services. Au sein de ses propres troupes, le spécialiste des ressources humaines mise fortement sur la formation des jeunes pour les fidéliser dans le groupe. « Nos apprentis d’aujourd’hui sont nos talents de demain, explique Sarah Boloronus, branch manager chez Kelly Services en région PACA. Toute l’équipe œuvre auprès des jeunes Marseillais pour les accompagner tout au long de leur parcours de formation, et même après. Nous accueillons des alternants en master ou bachelor RH au sein de notre équipe, tutorés par des consultants spécialisés et passionnés par leur métier. La transmission et le partage prennent ainsi tout leur sens. » Pour généraliser ces bonnes pratiques, 20 dirigeants de grandes entreprises françaises parmi lesquelles Total, la SNCF, EDF ou encore Nestlé se sont engagées dans une tribune collective « pour une grande rentrée de l’apprentissage ». Et appellent à la mobilisation de tous, l’alternance étant un levier de recrutement de premier ordre et surtout, d’inclusion. 

Fortes de cette conviction, 35 grandes sociétés ont créé fin 2018 le Collectif d’entreprises pour une économie plus inclusive en France. Le but : mettre leur puissance économique au service du progrès social et sociétal, et notamment celui des jeunes. Engagé dans le collectif, EDF était à l’initiative d’une table-ronde sur le thème « apprentissage et emploi, pour une économie plus inclusive » organisée le 4 septembre dernier à Marseille.  « C’est un événement car c’est la première fois depuis la sortie du confinement, dans une économie fragilisée, qu’est évoqué ce thème de l’inclusion en réunissant la société française et le monde de l’entreprise, les sachants et les apprenants », soulignait à cette occasion Jean-Bernard Lévy. Chef de file en matière d’insertion professionnelle des jeunes, EDF compte pas moins de 6 700 alternants dans ses rangs, dont un tiers est issu de quartiers prioritaires de la ville (QPV) ou de zones de revitalisation rurale (ZRR). Depuis plusieurs années, la part des salariés en alternance dans le groupe a dépassé les 5 %, les alternants représentant même 30 % des recrutements en CDI. « Notre objectif est d’amener les publics et en particulier les jeunes vers l’entreprise pour transmettre les savoirs et les préparer à l’emploi, fait valoir Christophe Carval, DRH groupe. Dont acte !

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