Et si la terre se constituait partie civile ?

By on 13/10/2022

Le 4 avril 2022, une mesure d’instruction s’est achevée sur un rapport alarmant rendu par l’Organisation  des  Nations  Unies,  le  rapport  GIEC,  dont  l’objectif  était  d’alerter  les différents pays, gouvernements et populations, du danger qui menace les êtres humains si des réformes ne s’effectuent pas.

Mais alors que notre chère planète se voit meurtrie par l’inaction, voici qu’un nouvel agresseur apparait : une guerre de haute intensité entre l’Ukraine et la Russie, lancé par le président Russe Vladimir Poutine dans le cadre d’une « opération militaire spéciale » visant à « dénazifier le pays » le 24 février 2022, cachant en réalité une volonté de reconquérir les territoires appartenant à l’ex-URSS. Cela se démontre par les élections visant à approuver l’annexion des régions de Donetsk, Luhansk, Kherson et Zaporojie.

Il  n’est  pas  de  mon  ressort  d’émettre  quelconque  considérations  politiques  sur  les décisions prises par les deux pays, mais il m’est de mon devoir de citoyen de devoir alerter mes pairs des conséquences écologiques de cette opération, communément appelée  «  guerre  »,  qui  permet  de  poser  la  question  paraissant,  à  l’évidence,  bien enfantine mais qui est pourtant une réalité palpable : « Et si la terre se constituait partie civile ? »

En  effet,  dans  un  communiqué  de  presse  du  4  juillet  2022,  l’ONU  prévient  des « conséquences importantes sur les environnements urbains et ruraux qui pourraient laisser au pays et à la région un héritage toxique pour les générations à venir ». Ce sont des milliers de missiles qui sont tirés, de nombreux véhicules militaires, chars d’assaut, véhicules léger de transport d’infanterie, qui se font détruire par tir de Canon Caesar livré par la France.

Plus  dramatique  encore,  des  combats  se  font  proche  des  importantes  centrales nucléaires,  à  l’instar  de  celle  Zaporijjia  dont  le  sort  inquiète  fortement  les  autorités nationales malgré « Le succès de la mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique » concernant la sûreté de l’exploitation de la centrale nucléaire[1]. Qui plus est, de nombreux combats se font autour d’exploitations miniers.

Il faut rappeler qui plus est que l selon un recensement effectué par la Convention sur la diversité  biologique  ratifié  par  l’Ukraine  en  1995,  ce  dernier  concentre  35%  de  la biodiversité européenne. Or, c’est cette biodiversité qui est attaquée : pollution de l’eau, du sol par le tir de nombreux missiles, obus, munitions, laissés à l’abandon après les combats, dont les carcasses jonchent les sols ukrainiens, mais aussi de l’air.

Face à la menace grandissante de l’utilisation d’armes nucléaires dans le cadre de ce conflit, notre chère planète, notre « maison commune », comme le rappel si bien le pape François dans son encyclique « Laudato Si », se verrait irrémédiablement dépouillée de sa préciosité. En effet, il est nécessaire de ne jamais oublier les conséquences dommageables des essais nucléaires de la France en Polynésie française sur l’environnement, justifiant une saisine de la Nouvelle Zélande devant la Cour internationale de justice, afin d’obtenir des mesures conservatoires pour arrêter ces essais compte tenu des conséquences dommageables.[2]

Au delà de ça, les conséquences écologiques se voient par l’effort de guerre. En effet, « exit » l’écologie lorsqu’il s’agit pour l’Europe de mobiliser de quoi pouvoir transporter les armes de guerres afin de soutenir l’effort Ukrainien. « Exit » l’écologie lorsque les Etats- Unis font acheminer depuis leur pays des armes par bateau.

Le  sort  de  l’Europe,  au  delà  de  soutenir  l’Ukraine  dans  ce  conflit,  sera  de  recréer l’écologie  de  demain.  Une  association  dénommée  «  Ukrainian  Nature  Conservation Group » a relaté les propos du ministre de l’environnement ukrainien, Ruslan Strelets, souhaitant créer dix parc naturel régionaux en Ukraine, considérant ainsi la propriété environnementale  comme  une  des  premières  à  devoir  bénéficier  d’une  dotation budgétaire.[3]

Mais nous, français, que pouvons-nous faire face à cela ? La réponse est évidente. Nous devons redoubler d’efforts pour qu’à l’échelle nationale, nous puissions être le moteur vert qui guidera l’Europe de demain, par le développement de nombreuses alternatives aux énergies fossiles, qui sont encore bien utilisées par certains pays qui cherchaient à se vanter de leur « écologisme », mais qui se retrouvent, à défaut d’énergie, à devoir re- alimenter d’anciennes mine de charbon.

Est-ce pour autant qu’il faille abandonner l’énergie nucléaire ? Pour le moment, c’est impossible. Malgré des oppositions, cela se démontre par le « Label vert », crée par la Commission européenne, reconnaissant, depuis le 2 février 2022, le gaz et le nucléaire comme une énergie verte à part entière.

Mais cet enjeu écologique est d’ampleur considérable. Face au développement croissant de conflits militaires, de manœuvres, comme actuellement dans les mers du japon après le tir balistique mais surtout polluant effectué par la Corée du Nord, par les Etats-unis, conjointement avec la Corée du Sud, il y a de quoi pleurer le triste futur de notre planète.

Mais l’heure n’est pas au désespoir, ni à l’abandon. Nous pensons être si loin mais nous sommes si proche de possibilités futurs. La géopolitique ne doit pas nous faire détourner le regard d’une nécessité transcendante, qui est celle de la sauvegarde de notre chère Terre. Car, le jour de l’audience, lorsqu’elle prendra la parole et confrontera sa souffrance à notre faible humanité, le juge n’aura d’autre choix que de prononcer la culpabilité de l’Etre humain. Au final, vous voyez, la Terre sera toujours gagnante, et le dérèglement climatique est une étape de cette victoire.

[1] Article du 6 septembre 2022 : « Ukraine : le succès de la mission de l’AIEA à Zaporijjia n’efface pas les inquiétudes de l’ONU »

[2] Cour internationale de Justice, 1974, Nouvelle-Zélande c/France

[3] UNCG : « THE POST-WAR FATE OF THE WORLD’S PROTECTED AREAS: CONSERVATION WITH BENEFITS FOR PEOPLE, THE STATE AND NATURE »

Clément Baudoin, chercheur associé du think tank « Ecologie responsable »

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