MaPrimeRenov’ : le défi de la rénovation dans les copropriétés

By on 21/05/2024

Les copropriétés en France représentent une grande partie des bâtiments énergétiquement inefficaces. Cependant, les intérêts divergents des occupants compliquent la réalisation des travaux nécessaires.

Depuis janvier 2024, les copropriétés doivent remplir certaines conditions pour bénéficier des aides à la rénovation énergétique. Celles de 50 à 200 lots doivent élaborer un plan pluriannuel de travaux (PPPT), tandis que celles de plus de 200 lots doivent fournir un diagnostic de performance énergétique (DPE). Le programme MaPrimeRenov’ propose des aides renforcées, couvrant entre 30 % et 45 % des coûts des travaux, avec un plafond de 25 000 € par logement. L’objectif est d’atteindre un gain énergétique d’au moins 50 %.

En pratique, les intérêts des résidents diffèrent. Les locataires cherchent à réduire leurs factures d’énergie, tandis que les propriétaires occupants partagent cette préoccupation sans subir la même pression. Les propriétaires bailleurs, quant à eux, doivent se préparer aux interdictions de location pour les logements classés G dès 2025 et F dès 2028. Ces divergences rendent les décisions collectives difficiles lors des assemblées générales, où les travaux, malgré les subventions, restent souvent coûteux.

Sur le groupe Facebook « MaPrimeRenov’, le parcours du combattant », 25 000 membres échangent des conseils et des expériences. Par exemple, Léo cherche des conseils sur les travaux optimaux pour maximiser les gains énergétiques, tandis que Catherine s’interroge sur la gestion des travaux dans une copropriété de deux logements avec des revenus disparates.

Louis-Marie Gillier de Hellio constate un changement d’attitude face aux prix de l’énergie depuis 2021. Il souligne que la rénovation énergétique doit être intégrée aux projets de copropriété, tout comme d’autres travaux collectifs.

De son côté, le sociologue Gaëtan Brisepierre note que la transformation des copropriétés repose largement sur les syndics professionnels, qui gèrent 90 % d’entre elles. Selon ses recherches, une rénovation énergétique collective prend entre 4 et 8 ans.

Les mentalités évoluent néanmoins. Une étude d’Hellio montre que 78 % des copropriétaires souhaitent réduire leur consommation d’énergie et leurs charges. De plus, 48 % sont prêts à investir entre 1 000 et 5 000 € dans les travaux de rénovation énergétique de leur copropriété au cours des cinq prochaines années. Les priorités incluent l’isolation des murs (34 %), l’isolation de la toiture (39 %) et le changement de chaudière (26 %).

Cependant, les dérogations gouvernementales pourraient freiner cet élan, car les autorités ne veulent pas que des appartements sortent du marché locatif à cause des sanctions à venir. Actuellement, les logements classés G représentent 8 % du parc français, les F 10,5 %, et les E 22,4 %. Si une copropriété vote pour des travaux, le propriétaire concerné bénéficie d’un sursis de deux ans pour les réaliser.

Si les travaux nécessaires sont refusés lors de l’assemblée générale, les propriétaires peuvent obtenir une dérogation suspendant l’obligation de rénovation. Le ministère de la Transition énergétique précise qu’il n’y a pas de limite de durée pour ces dérogations, mais il faudra fournir le procès-verbal de l’assemblée générale pour prouver le rejet des travaux.

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